Fatiguée, exténuée. Ces deux mots résumaient l’état dans lequel se trouvait actuellement Valentina à la fin de sa garde. Un garde qui avait duré vingt-quatre heures. La jeune femme était à bout. Elle n’avait pas besoin de se regarder dans une glace pour savoir que ses yeux étaient cernés comme tout. Le service de pédiatrie avait reçu deux cas urgents durant la journée et Valentina n’avait pas eu une minute. Elle n’avait même pas eu le temps de passer aux consultations. Assise sur le banc, dos collé à son casier, ses yeux étaient fermés. Elle respirait lentement. La plupart de ses collègues, qui avaient fait le même horaire qu’elle, étaient déjà partis depuis quelques minutes. Il n’y avait plus qu’elle. Elle était seule dans cet endroit dénué de la moindre chaleur humaine. Au bout de quelques minutes, la brunette se décida enfin à bouger. Elle enleva sa blouse d’interne et la fourra dans son casier avant d’enfiler sa petite blouse légère. Son sac en bandoulière, elle sortir de la salle et entreprit de traverser les quelques couloirs qui la séparaient de la sortie. Elle salua plusieurs de ses amis. Ceux-là allaient seulement commencer leur longue garde de vingt-quatre heures. Mentalement, elle les plaignit. Ces amis avaient, pour la plupart, des personnes qui partageaient leur vie. De façon amoureuse évidemment. Valentina, elle, n’avait personne. Pas de petit ami, rien, le néant de ce côté-là. Oh, elle ne s’en plaignait pas vraiment. Elle ne recherche pas l’amour à tout prix de toute manière. Le célibat ne la dérange pas plus que ça. Bien sûr, elle évite souvent les dîners entre amis où elle se retrouva seule, à faire la chandelle en quelque sorte. Juste pour ce détail, elle regrettait d’être célibataire. Une fois dehors, un vent léger vint la frapper de plein fouet, faisant virevolter quelques mèches de cheveux échappées de sa queue de cheval. Très vite, elle s’engouffra dans sa voiture. Elle voulait se dépêcher, être vite rentrée pour se servir une bonne tasse de café et…C’est à ce moment-là que Valentina eut le vague souvenir qu’elle n’avait plus de café chez elle. Elle avait complètement oublié d’en acheter au supermarché. Et elle n’avait aucune envie de s’y rendre à cette heure -ci . Non, elle ne voulait pas faire la file à la caisse pour un simple paquet de café. A la place, elle décida de faire une halte au Folly’s coffee. Elle finit donc attablée à l’une des nombreuses tables de ce café, un cappuccino posé devant elle. De là où elle était, elle avait une vue incomparable sur la rue. Les passants allaient et venaient, s’ignorant royalement les uns et les autres. Où est donc passé le temps où l’on se saluait dans la rue ? Valentina leva les yeux au ciel et but une gorgée de son cappuccino.