Ses cheveux bruns étaient relevés en deux petites couettes qui descendaient jusqu'à la base de sa nuque. Ses lèvres naturellement rosées étaient pincées. Ses yeux verts semblaient traduire une certaine concentration. Dans ses petites mains plus vraiment potelées, la fillette tenait une poupée ainsi qu'un vêtement pour cette fameuse poupée. Il s'agissait d'une tunique ou peut-être une robe dans les tons roses et fleuris. L'enfant se tortilla sur le sol et décida de retirer le gilet bleu qui recouvrait sa robe/salopette en jean. Il faisait chaud par cet été à Los Angeles. Ses jambes dénudées à partir du genoux étaient repliées sous son postérieur. Face à elle, une seconde fillette, blonde cependant, aux yeux d'un vert enivrant, était assise. Ses yeux étaient clos. Son visage était tendu vers les rayons chaud du Soleil, comme si elle cherchait à se réchauffer malgré la chaleur étouffante. Les deux soeurs jumelles profitaient simplement de l'été qui se profilait. Du haut de leurs cinq ans, chacune savait s'amuser. Et ceci sans leurs parents. Ces derniers se trouvaient dans la cuisine de leur maison de Los Angeles. Les paroles n'étaient absolument pas distinctes et pourtant, rien ne semblait aller entre ces deux là qui se disputaient, encore et toujours. C'en devenait une véritable routine. Une chose habituelle à laquelle les deux jumelles ne prêtaient plus de grandes attentions comme avant. Elles subissaient juste et passaient outre, désormais bien trop concentrées sur chacune de leurs activités. Peut-être étaient-elles bien trop jeunes pour comprendre réellement ce qu'il se passait ? C'était probablement le cas. Quoi qu'il en fut, Noah se leva, déposant sa poupée sur le sol et s'en alla dans le jardin. Elle fit le tour rapidement, marchant entre les plantes. Sa mère n'avait jamais supporté cela. D'où l'esprit contradictoire de l'enfant de cinq ans. Elle rigolait se moquant des conséquences. Sa mère ne la voyait pas, bien trop occupée à s'en prendre à son père. Noah continua. Par moment, la fillette jetait des coups d'oeil vers sa soeur qui bougeait, s'afférant à diverses choses. Noah ! La voix de son paternel finie par arriver jusqu'à ses oreilles et la petite brune releva la tête vers lui. Ses yeux verts rencontrèrent ceux de son père et, d'un petit trot, elle avança vers lui, un immense sourire sur son visage. Néanmoins, en voyant le visage fermé de Matthew, son sourire se ferma. Elle ne comprenait pas mais dans son esprit, elle chassa cette pensée, recouvrant aussitôt son éternel sourire. Doucement mais sûrement, elle s'approcha de son père et prit la main qu'il lui tendait. Elle alla se blottir tout naturellement contre lui, fermant ses petits yeux. A ce moment précis, elle ne se doutait absolument pas que ce serait la dernière fois qu'elle verrait sa mère ou même sa soeur - fausse - jumelle avant bien longtemps. Quelques jours à peine plus tard, sa soeur et sa mère étaient dans un avion pour une nouvelle vie tandis que Noah et son paternel restaient dans leur villa de Los Angeles.

Elle se hâta de manger son gateau d'anniversaire en compagnie de son père afin de se lever de table avec l'accord de ce dernier. Souriant et collant une bise sur sa joue, la jeune fille de treize ans désormais monta quatre à quatre les marches des escaliers qui menaient à l'étage. Sautillant, elle se rendit jusqu'à sa chambre. Tirant la chaise rouge de son bureau, elle s'installa dessus. Comme à son habitude, Noah plia une jambe sous elle, préférant laisser la seconde balancer à un rythme régulier et apaisant. Inspirant un bon coup, elle attacha ses cheveux de jais en un chignon lâche au creux de sa nuque. Ils lui arrivaient désormais sous les omoplates. Il y avait des moments où elle regrettait amèrement de les avoir coupé courts, à la garçonne et d'autres où elle en était heureuse et fière. Or, depuis des mois, elle tenait bon, ne voulant plus les couper pour espérer les avoir de nouveau longs. Mais maintenant que c'était fait, elle n'avait guère le choix. La patience était de rigueur. Replaçant une mèche brune derrière son oreille, elle ouvrit un tiroir duquel elle sorti un bloc note à la couverture noire redécorée par ses soins. Elle ouvrit sa trousse et attrapa son stylo plume. Prenant une page vierge, Noah resta quelques instants devant celle ci. Elle fini néanmoins par se pencher, sentant son inspiration venir. Maxxie, avant toute autre chose, je te souhaite un joyeux anniversaire. Treize ans, treize anniversaires qu'on fête, dont huit sans l'autre. Tu ne me manque. Encore et toujours. Et pourtant, je commence à croire que je ne te manque pas autant. Je n'ai jamais reçu de réponse de toi. Peut être que tu m'oublie. Peut être que tu n'as pas le temps ou alors, tu ne les reçoit tout simplement pas. Tu manque à papa aussi. Il reste souvent évasif mais je sais qu'il aurait besoin de t'avoir avec lui aussi. Tu es sa fille après tout. Sa chair et son sang. Elle se redressa le temps de quelques secondes, relisant rapidement ces premières lignes écrites à l'encre noire. Elle fit tourner son poignet gauche, comme pour l'échauffer en vue de la lettre qu'elle comptait écrire à sa soeur. La brune inspira à nouveau et, attrapant son iPod, elle lança de la musique en aléatoire, tombant "Zombie" par The Cranberries. Augmentant le volume de la chanson, elle recommença à écrire. Je suis probablement stupide, me diras tu, mais je continue de compter les jours où je suis loin de toi. Ma soeur jumelle me manque et je ne peux pas faire comme si je ne me souvenais pas de toi et donc t'oublier. Ca serait injuste et j'aurais bien trop mal au coeur. Je sais pas si on peut se remettre d'une douleur comme celle là. Quoi qu'il en soit, je compte bien te voir et ne pas laisser passer cette chance. Peut être que tu ne liras jamais cette lettre ou que tu la jettera directement en voyant mon écriture sur l'enveloppe mais je m'en fou. Je t'aime ma Maxxie. Je sais qu'on se reverra vite. Joyeux treizième anniversaire. Ta Noah. Avec délicatesse, elle détacha la feuille du bloc note et prit une enveloppe dans laquelle elle mit la mettre. Ecrivant l'adresse de sa soeur dessus, elle descendit, collant un timbre sur le papier blanc et posa la lettre sur le meuble de l'entrée, comptant aller la poster dès qu'elle sortirait.